Le
20 décembre 1793, il arriva à Belmont une si étrange histoire que nous allons
la raconter ici.
Par
ordre du district de Roanne, les officiers municipaux de cette commune se réunirent
à l’église pour publier le décret instituant le fête de la Raison. Pour cela,
il fut édifié une haute et vaste estrade en bois dans le cœur de l’église,
ainsi qu’on le fait pour le jeudi-Saint. Mais au lieu de mettre au sommet le
St-Sacrement, il était enjoint d’y installer une jeune fille symbolisant la
raison. Les gens seraient tenus de venir lui rendre des hommages. C’était
évidement-là, vouloir singer la fête du jeudi-Saint.
A
cette nouvelle, colportée par le bourg, une troupe de femmes s’assemble et
rentre à l’église. Celles-ci se mettent à crier et à réclamer le rétablissement
de la religion catholique. Elles déclarent qu’elles ne veulent pas de cette
nouvelle religion, qui n’est à leur avis " qu’une religion de
chèvre " (Le mot chèvre en patois désigne la femme libertine et
corrompue). Les officiers municipaux passent en vitesse la porte de l’église.
Ces femmes s’emparent des clefs de l'église restées à la serrure, et la ferment à
clef.
A
ce premier groupe de femmes, d’autres viennent se joindre. Elles stationnent
sur la place publique. Le juge de paix alla enquérir la garde nationale pour
les disperser. Celles-ci, alors au nombre d’une centaine environ, rentrent dans
le cimetière, qui était alors autour de l’église, et armées de pierres et de bâtons,
elles criaient qu’elles voulaient leurs prêtres et leur religion. A l’arrivée
du juge de paix, ce groupe se dispersa peu à peu. Mais il se reforma le soir à
7 heures, au début de la nuit. Elles vont alors à la cure et s’emparent d’une
seconde clef de l’église qui s’y trouvait. Elles allumèrent des feux autour de
cette dernière et y passèrent la nuit.
Cet
attroupement dura trois jours et empêchait la fête de la Raison d’avoir lieu.
Le maire de Belmont fit alors venir les gardes nationaux de Thizy et de Cours.
Quand ceux-ci arrivèrent les femmes se mirent à sonner le tocsin pour avertir
toute la population. Elles allèrent ensuite au-devant des gardes nationaux et
les injurièrent. Ceux-ci tirèrent des coups de fusils, et les femmes rentrèrent
chez elles. On fit une centaine d’arrestations à la suite de ces incidents. Les
plus irréductibles furent envoyées à Roanne.
D’après " Histoire de Belleroche et de ses environs " par l’abbé Auguste Comby. P269